"Une main de fer dans un gant de velours »
Cette expression, chère au « Budo » et au « Kobudo » japonais, concerne « l’art et la manière de saisir ». Que ce soit un poignet, une arme traditionnelle ou même des objets de la vie courante… Mais ce terme possède un sens beaucoup plus large que nos saisies diverses et s’avère être une manière très subtile d'aborder et de saisir la vie sous toutes ses expressions.
Longtemps gardé secret au sein des Dojos, cet Art vise à ne pas saisir les armes à pleines mains mais privilégier les trois derniers doigts et faire en sorte que les paumes de mains (手Te) épousent délicatement mais fermement ce que vous tenez, comme s’il s’agissait d’un œuf : pas trop mollement, sinon il vous glisserait des doigts, ni trop fort, sinon il se briserait.
Il en va de même pour les relations humaines, et bon nombre de dictons et proverbes le soulignent, où la vigilance pour ne pas blesser, au sens propre comme au sens figuré, relève plus de l’interne (内 « Uchi ») que de l’externe (« Omote »).
On peut aussi saisir une opportunité, se ressaisir, capter le sens profond de chaque mot, de chaque geste, de chaque intention, comme réciproquement, ne pas les dévoiler. Il y a donc un aspect stratégique et tactique, et même initiatique, consigné et préservé à l’époque dans des documents secrets (« Densho »).
Ce terme confine même avec la Poésie lorsqu’il décrit les feuilles d’érable rouge s’enchevêtrant et s’empilant les unes avec les autres, ou aux Arts graphiques, lorsque les Maitres de « l’Ukiyo-e » cherchaient à saisir « l’impermanence des choses » et immortaliser leur étonnante beauté.
On peut aussi capter « l’instant présent » de façon naturelle et spontanée, « lâcher-prise », et piéger ainsi le mental ordinaire dont la fonction essentielle est de saisir et s’approprier ce qu’il considère être sa propre réalité et nous maintient dans l'illusion (Maya).
En définitive, il s’agit avant tout d’apprendre et comprendre, et même surprendre, plutôt que de prendre.
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